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agitations révolutionnaires. Je vais, Monsieur, vous en donner, par écriture de commerce, la preuve et la contre-preuve.

Constatons d’abord les faits.

Les produits s’échangent contre des produits, ou, pour parler plus juste, les valeurs s’échangent contre les valeurs : telle est la loi.

Mais cet échange ne se fait pas toujours, comme l’on dit, donnant donnant ; la tradition des objets échangés n’a pas toujours lieu simultanément de part et d’autre ; souvent, et c’est le cas le plus ordinaire, il y a entre les deux livraisons, un intervalle. Or, il se passe dans cet intervalle des choses curieuses, des choses qui dérangent l’équilibre, et faussent la balance. Vous allez voir.

Tantôt l’un des échangistes n’a pas le produit qui convient à l’autre, ou, ce qui revient au même, celui-ci, qui consent bien à vendre, veut se réserver d’acheter. Il veut bien recevoir le prix de sa chose, mais il ne veut, pour le moment du moins, rien accepter en échange. Dans l’un et l’autre cas, les échangistes ont recours à une marchandise intermédiaire, faisant, dans le commerce l’office de proxénète, toujours acceptable et toujours acceptée : c’est la monnaie. Et comme la monnaie, recherchée de tout le monde, manque pour tout le monde, l’acheteur s’en procure, contre son obligation, auprès du banquier, moyennant une prime plus ou moins considérable, appelé escompte. — L’escompte se compose de deux parties : la commission, qui est le salaire du service rendu par le banquier, et l’intérêt. Nous dirons tout à l’heure ce que c’est que l’intérêt.

Tantôt l’acheteur n’a ni produit, ni argent à donner en échange du produit ou du capital dont il a besoin, mais il offre de payer dans un certain laps de temps, en un ou plusieurs termes. Dans les deux cas sus-mentionnés la vente était faite au comptant ; dans celui-ci, elle a lieu à crédit.