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devez l’attribuer qu’à l’impatience, certes bien naturelle, où j’étais de voir mes efforts se briser sans cesse contre cette obstination, cette force d’inertie intellectuelle qui, ne faisant compte ni de la philosophie, ni du progrès, ni de la finance, se borne à reproduire éternellement cette question puérile : Quand j’ai épargné cent écus, et que pouvant les utiliser dans mon industrie, je les prête moyennant intérêt ou part de bénéfice, est-ce que je vole ?…

Je rends donc pleine justice à votre loyauté ; j’ose dire que ma courtoisie vis-à-vis de vous ne s’est pas démentie un instant. Mais, aujourd’hui plus que jamais, je suis forcé d’insister sur mon dernier jugement : Non, monsieur Bastiat, vous ne savez pas l’économie politique.

Laissons de côté, je vous prie, la loi de contradiction, à laquelle, décidément, votre esprit répugne ; laissons l’histoire, ou plutôt le progrès, dont vous méconnaissez la tendance, dont vous récusez l’autorité ; laissons la Banque, au moyen de laquelle je vous prouve que l’on peut, sans y rien changer, réduire instantanément l’intérêt des capitaux à 1/2 pour 100. Je vais, puisque tel est votre désir, me renfermer dans la notion pure du capital. J’analyserai cette notion ; j’en ferai, au point de vue de l’intérêt, la déduction théorique et mathématique ; après avoir établi ma thèse par la métaphysique, par l’histoire et par la Banque, je l’établirai une quatrième fois ; je justifierai chacune de mes assertions, par la comptabilité, cette science modeste et trop dédaignée, qui est à l’économie sociale ce que l’algèbre est à la géométrie. Peut-être, cette fois, mon esprit parviendra-t-il à saisir le vôtre : mais qui me garantit que vous n’allez pas me reprocher encore de changer, pour la quatrième fois, de méthode ?

Qu’est-ce que le capital ?

Les auteurs ne sont point d’accord de la définition : à peine s’ils s’entendent même sur la chose.