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duction aux débiteurs chirographaires, ainsi qu’au commerce et à l’industrie, dont la charge annuelle, de ce seul fait, est d’au moins deux milliards ?

Si la circulation financière s’opérait à un taux d’escompte représentant seulement les frais d’administration et de rédaction, enregistrement, etc., l’intérêt compté dans les achats et ventes qui se font à terme, tomberait à son tour de 6 p. 100 à zéro, ce qui veut dire qu’alors les affaires se feraient au comptant : il n’y aurait plus de dettes. De combien pensez-vous encore que s’en trouverait diminué le chiffre honteux des suspensions de payements, faillites et banqueroutes ?

Mais, de même que dans la société le produit net ne se distingue pas du produit brut ; de même, dans l’ensemble des faits économiques, le capital ne se distingue pas du produit. Ces deux termes ne désignent point en réalité deux choses distinctes ; ils ne désignent que des relations. Produit, c’est capital ; capital, c’est produit : il n’y a de différence entre eux que dans l’économie domestique ; elle est nulle dans l’économie publique. Si donc l’intérêt, après être tombé, pour le numéraire, à 3/4 p. 100, c’est-à-dire à zéro, puisque 3/4 p. 100 ne représentent plus que le service de la Banque, tombait encore à zéro pour les marchandises ; par l’analogie des principes et des faits, il tomberait encore à zéro pour les immeubles : le fermage et le loyer finiraient par se confondre dans l’amortissement. — Croyez-vous, monsieur, que cela empêchât d’habiter les maisons et de cultiver la terre ?…

Si, grâce à cette réforme essentielle de l’appareil circulatoire, le travail n’avait plus à payer au capital qu’un intérêt représentant le juste prix du service que rend le capitaliste, l’argent et les immeubles n’ayant plus aucune valeur reproductive, n’étant plus estimés que comme produits, comme choses consommables et fongibles, la faveur qui s’attache à