Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 5.djvu/219

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que, depuis le Christ jusqu’à Pie IX, est tout simplement absurde. Absurde, dis-je, soit quand elle condamne l’intérêt, sans aucune considération des circonstances qui l’excusent, qui l’exigent ; soit quand elle restreint ses anathèmes à l’usure d’argent, et fait, pour ainsi dire, acception de l’usure terrienne.

À cette exposition, dont vous avez vous-même apprécié l’intérêt, que répondez-vous, dans votre quatrième lettre ? — Rien.

Niez-vous l’histoire ? — Point.

Contestez-vous mes calculs ? — Non.

Que dites-vous donc ? — Vous rebattez votre éternel refrain : Celui qui prête rend service ; dès lors il est prouvé que le capital porte en soi l’indestructible principe de la rémunération. Sur quoi, vous me donnez, comme expression de la sagesse des siècles, cinq ou six aphorismes, excellents pour endormir les mauvaises consciences, mais qui, je vous le prouverai tout à l’heure, sont tout ce que la routine la plus brute a fait jamais dire de plus absurde. Puis, faisant votre signe de croix, vous déclarez la discussion close. Amen !

Vous êtes économiste, monsieur Bastiat, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, membre du comité des finances, membre du congrès de la Paix, membre de la ligue anglo-française pour le libre-échange, et, ce qui vaut mieux que tout cela, honnête homme et homme d’esprit. Eh bien ! je suis forcé, pour mettre à couvert votre intelligence et votre loyauté, de vous prouver, par A plus B, que vous ne savez pas le premier mot des choses dont vous avez entrepris de parler, ni du capital, ni de l’intérêt, ni du prix, ni de la valeur, ni de la circulation, ni de la finance, ni de toute l’économie politique, pas plus que de la métaphysique allemande.

Avez-vous, dans votre vie, entendu parler de la Banque de France ? Faites-moi le plaisir, quelque jour, d’y jeter le pied ; ce n’est pas loin de l’Institut. Vous trouverez là