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bitude, introduite de bonne heure parmi les négociants et devenue peu à peu constante et générale, de compter un excédant proportionnel à titre d’amende ou indemnité (dommage-intérêt), à tout débiteur retardataire ; 4° la prépondérance des métaux précieux et monnayés sur les autres marchandises ; 5° la pratique combinée des contrats de pacotille, d’assurance, et à la grosse ; 6° enfin, l’établissement de la rente foncière, imitée de l’intérêt de l’argent, et qui, admise sans contestation par les casuistes, devait servir plus tard à la justification de ce même intérêt.

Pour rendre la démonstration complète, je prouve ensuite, par un simple rapport arithmétique, que l’intérêt, excusable comme accident, dans les conditions où il a pris naissance, et où il s’est ensuite développé, devient absurde et spoliateur, dès qu’on prétend le généraliser et en faire une règle d’économie publique ; qu’il est en contradiction formelle avec le principe économique, que dans la société le produit net est identique au produit brut, en sorte que tout prélèvement exercé par le capital sur le travail constitue, dans la balance sociale, une erreur de compte et une impossibilité. Je prouve, enfin, que si, à une autre époque, l’intérêt a servi de mobile à la circulation des capitaux, il n’est plus aujourd’hui pour cette circulation, de même que l’impôt sur le sel, le vin, le sucre, la viande, de même que la douane elle-même, qu’une entrave ; que c’est à lui qu’il faut rapporter la stagnation des affaires, le chômage de l’industrie, la détresse de l’agriculture, et l’imminence toujours grandissante d’une banqueroute universelle.

Tout cela était d’histoire, de théorie et de pratique, comme de calcul : vous avez remarqué vous-même que je n’avais pas une seule fois fait appel, contre l’intérêt, à la fraternité, à la philanthropie, à l’autorité de l’Évangile et des pères de l’Église. J’ai peu de foi à la philanthropie ; quant à l’Église, elle n’a jamais rien entendu à cette matière, et sa casuisti-