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mission, du moins pour mission légitime, de régulariser l’acte de celui qui défend, en vertu du droit, sa propriété, ou l’acte de celui qui viole, contre le droit, la propriété d’autrui ? Il serait assez singulier que la force collective fût fondée non sur le droit individuel, mais sur sa violation permanente et systématique ! Non, l’auteur du livre que j’ai sous les yeux ne peut soutenir une semblable thèse. Mais ce n’est pas tout qu’il ne la soutienne pas, il eût peut être dû la combattre. Ce n’est pas tout d’attaquer ce Communisme grossier et absurde que quelques sectaires posent dans des feuilles décriées. Il eût peut-être été bon de dévoiler et de flétrir cet autre Communisme audacieux et subtil qui, par la simple perversion de la juste idée des droits de l’État, s’est insinué dans quelques branches de notre législation et menace de les envahir toutes.

Car, Monsieur, il est bien incontestable que par le jeu des tarifs, au moyen du régime dit Protecteur, les gouvernements réalisent cette monstruosité dont je parlais tout à l’heure. Ils désertent ce droit de légitime défense préexistant dans chaque citoyen, source et raison d’être de leur propre mission, pour s’attribuer un prétendu droit de nivellement par voie de spoliation, droit qui ne résidant antérieurement en personne ne peut résider davantage dans la communauté.

Mais à quoi bon insister sur ces idées générales ? À quoi bon démontrer ici l’absurdité du Communisme, puisque vous l’avez fait vous-même (sauf quant à une de ses manifestations, et selon moi la plus pratiquement menaçante), beaucoup mieux que je ne saurais le faire ?

Peut-être me dites-vous que le principe du Régime Protecteur n’est pas en opposition avec le principe de la Propriété. Voyons donc les procédés de ce régime.

Il y en a deux : la prime et la restriction.

Quant à la prime, cela est évident. J’ose défier qui que