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existantes et partager ex æquo. C’est la spoliation devenue règle dominante et universelle. C’est la destruction non-seulement de la Propriété, mais encore du travail et du mobile même qui détermine l’homme à travailler. Ce Communisme-là est si violent, si absurde, si monstrueux, qu’en vérité je ne puis le croire dangereux. C’est ce que je disais, il y a quelque temps, devant une assemblée considérable d’électeurs appartenant en grande majorité aux classes souffrantes. Une explosion de murmures accueillit mes paroles.

J’en témoignai ma surprise. « Quoi ! disait-on, M. Bastiat ose dire que le Communisme n’est pas dangereux ! Il est donc communiste ! Eh bien, nous nous en doutions, car communistes, socialistes, économistes, ce sont fils de même lignage, comme c’est prouvé par la rime. » J’eus quelque peine à me tirer de ce mauvais pas. Mais cette interruption même prouvait la vérité de ma proposition. Non, le Communisme n’est pas dangereux quand il se montre dans sa forme la plus naïve, celle de la pure et simple spoliation ; il n’est pas dangereux puisqu’il fait horreur.

Je me hâte de dire que si le Protectionisme peut être et doit être assimilé au Communisme, ce n’est pas à celui que je viens de décrire.

Mais le Communisme revêt une troisième forme.

Faire intervenir l’État, lui donner pour mission de pondérer les profits et d’équilibrer les fortunes, en prenant aux uns, sans consentement, pour donner aux autres, sans rétribution, le charger de réaliser l’œuvre du nivellement par voie de spoliation, assurément c’est bien là du Communisme. Les procédés employés par l’État, dans ce but, non plus que les beaux noms dont on décore cette pensée, n’y font rien. Qu’il en poursuive la réalisation par des moyens directs ou indirects, par la restriction ou par l’impôt, par les tarifs ou par le Droit au travail ; qu’il la place sous l’in-