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Hélas ! c’est vous qui l’avez inventé. Vous l’avez prêché pendant mille ans. Quand vous n’avez pu étouffer l’Intérêt, vous l’avez réglementé. Vous l’avez soumis au maximum, donnant ainsi à penser que la propriété est une création de la Loi, ce qui est justement l’idée de Platon, de Lycurgue, de Fénelon, de Rollin, de Robespierre ; ce qui est, je ne crains pas de l’affirmer, l’essence et la quintessence non-seulement du socialisme, mais du communisme. Ne me vantez donc pas un enseignement qui ne vous a rien enseigné de ce que vous devriez savoir, et qui vous laisse consternés et muets devant la première chimère qu’il plaît à un fou d’imaginer. Vous n’êtes pas en mesure d’opposer la vérité à l’erreur ; laissez au moins les erreurs se détruire les unes par les autres. Gardez-vous de bâillonner les utopistes, et d’élever ainsi leur propagande sur le piédestal de la persécution. L’esprit des masses laborieuses, sinon des classes moyennes, s’est attaché aux grandes questions sociales. Il les résoudra. Il arrivera à trouver pour ces mots : Famille, Propriété, Liberté, Justice, Société, d’autres définitions que celles que nous fournit votre enseignement. Il vaincra non-seulement le socialisme qui se proclame tel, mais encore le socialisme qui s’ignore. Il tuera votre universelle intervention de l’État, votre centralisation, votre unité factice, votre système protecteur, votre philanthropie officielle, vos lois sur l’usure, votre diplomatie barbare, votre enseignement monopolisé.

Et c’est pourquoi je dis : Non, la France ne s’en va pas. Elle sortira de la lutte, plus heureuse, plus éclairée, mieux ordonnée, plus grande, plus libre, plus morale, plus religieuse que vous ne l’avez faite.

Après tout, veuillez bien remarquer ceci : quand je m’élève contre les études classiques, je ne demande pas qu’elles soient interdites ; je demande seulement qu’elles ne soient pas imposées. Je n’interpelle pas l’État pour lui dire : Sou-