Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/497

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ments.) Si quelqu’un vient se plaindre à moi de la liberté commerciale, — quoique je doive dire que peu d’hommes s’en plaignent, si ce n’est quelques esprits obtus que nous ne parviendrons jamais à convaincre, — si quelqu’un me demande si la liberté commerciale a triomphé, si notre politique a réussi, je lui cite les seize millions de quarters de blé qui ont été importés dans les seize derniers mois et je lui demande : qu’auriez-vous fait sans cette importation ? Vous auriez eu une anarchie, une ruine, une mortalité sans exemple dans aucun temps et dans aucun pays ; vous auriez souffert toutes ces épouvantables calamités si votre politique de restriction et d’exclusion était demeurée plus longtemps en vigueur. (Applaudissements.) Jamais l’efficacité d’un principe n’a été aussi admirablement prouvée que l’a été celle du nôtre, pendant les douze derniers mois. Si un homme avait pu s’élever assez haut pour embrasser le monde de son regard, qu’aurait-il vu ? Que faisait alors pour notre pays le génie du commerce ? Nous étions abattus par la peur, nous étions en proie à la famine, nous implorions du monde entier notre salut ; et le commerce nous a répondu de toutes les régions du globe. Sur les bords de la mer Noire et de la Baltique, auprès du Nil classique et du Gange sacré, sur les rives du Saint-Laurent et du Mississipi, dans les îles éloignées de l’Inde, dans le naissant empire de l’Australie, des créatures humaines s’occupaient de recueillir et d’expédier les fruits de leurs moissons pour nourrir le peuple affamé de ce royaume. (Applaudissements.) L’orateur s’occupe ensuite des résultats politiques de la liberté des échanges. Le rappel des lois-céréales, dit-il, peut être comparé, dans le monde politique, à la débâcle qui suit une longue gelée. Lorsque le dégel arrive, vous voyez sur les fleuves des masses de glaçons se disloquer et se disjoindre; ils se mettent séparément en marche ; tantôt ils se touchent, tantôt ils se séparent, mais tous tendent au même but, tous sont entraînés vers l’Océan. C’est ainsi que nous voyons dans notre Parlement les vieux partis se dissoudre pour toujours. Et dans notre Parlement comme au dehors, nous voyons la masse aspirer et marcher vers une liberté plus grande que celle dont nous avons joui jusqu’à ce jour. (Applaudissements.) Où