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L’orateur revient ensuite sur la mauvaise interprétation que l’on avait donnée de son opinion, relativement à la question du désarmement. J’ai déclaré franchement à Stockport ce que je déclare encore aujourd’hui, ce que j’ai déclaré depuis douze ans dans mes écrits, — à savoir, que nous ne pourrons pas réduire matériellement nos armements aussi longtemps qu’il ne sera opéré aucun changement dans les esprits, relativement à la politique extérieure. Il faut que le peuple anglais se défasse de cette idée, qu’il lui appartient de régler les affaires du monde entier. Je ne blâme pas le ministère de maintenir nos armements ; je veux seulement appeler l’attention publique sur la folie que l’on commet en dirigeant aujourd’hui notre politique extérieure comme on le faisait autrefois. (Applaudissements.) Lorsque l’opinion publique, — lorsque la majorité de l’opinion publique, — se trouvera de mon côté, je serai charmé de voir appliquer mes vues ; mais jusque-là je veux bien être en minorité, et en minorité je resterai jusqu’à ce que je réussisse à transformer la minorité en majorité. (Applaudissements.) Mais la question qui s’agite devant vous n’est pas de savoir si nous devons démanteler notre flotte ; la question est de savoir si vous voulez ou non augmenter votre armée et votre marine. Tout en admettant que l’opinion publique n’adopte pas mes vues, à ce point de consentir à une réduction dans nos armements, je prétends, néanmoins, au nom du West-Riding de l’Yorkshire (applaudissements) ; au nom du comté de Lancastre, au nom de Londres, d’Edimbourg et de Glasgow, que l’opinion publique est avec moi. (Tonnerre d’applaudissements. — L’assemblée se lève comme un seul homme en faisant entendre des hourras prolongés.) Et si l’opinion publique s’exprime partout comme elle vient de le faire ici, nos armements ne seront pas augmentés. (Applaudissements.) Mais que cette manifestation ait lieu ou non, — je parle pour moi-même comme membre indépendant du Parlement, — on n’ajoutera pas un shilling au budget de notre armée et de notre flotte, sans qu’auparavant j’aie forcé la Chambre à une division sur cet objet. (Vifs applaudissements.)

Messieurs, en commençant, je vous ai montré le lien qui unit