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de ses ministres ; et elle est tenue de leur porter secours dans le cas où ils encourraient l’indignation du peuple par leur mauvaise administration. Voilà tout! Sans manquer aux convenances, je puis dire qu’aujourd’hui le Portugal est le plus petit et le plus misérable des États de l’Europe ; et je me demande ce que l’Angleterre peut gagner à prendre de semblables pays sous sa protection ? Le Portugal compte environ 3 millions d’habitants ; nous sommes sûrs de son commerce, par la raison fort simple que nous prenons les quatre cinquièmes du vin de Porto qu’il produit ; — et si nous ne le prenions pas, personne n’en voudrait. (Rires et applaudissements.) J’espère qu’on ne m’imputera point un sentiment odieux, j’espère que l’on prendra uniquement au point de vue économique l’argument que je vais employer ; mais je dis que si le tremblement de terre qui a ruiné Lisbonne se faisait sentir de nouveau et engloutissait le Portugal sous les eaux de l’Océan, une grande source de dilapidation serait fermée pour le peuple anglais.

Je n’accuse point les Portugais ; ils font ce qu’ils peuvent pour s’assister eux-mêmes. Dernièrement encore, un de leurs députés a été renvoyé aux cortez par le cri unanime du peuple, lequel, au dire de lord Palmerston et Cie n’exerce aucune influence en Portugal (applaudissements) ; mais chaque fois que la nation essaie de se révolter, les Anglais font usage de leur puissance pour comprimer ses efforts ! Que la reine et ses ministres administrent convenablement leur pays et le peuple sera leur meilleur soutien ! Je vous engage à suivre cette question du Portugal ; étudiez-la et examinez bien ses rapports avec la question des armements. Je sais qu’il y a en Angleterre une grande aversion pour la politique extérieure, et cela vient sans doute de ce que cette politique ne nous a jamais fait aucun bien. (Mouvement.) Mais je puis vous garantir que si vous voulez secouer votre apathie et exercer une surveillance active sur les faits et gestes du département des affaires étrangères, vous épargnerez de bonnes sommes d’argent, — ce qui, à tout prendre, serait un bon résultat par le temps qui court. (Applaudissements.) — Maintenant, messieurs, je poserai cette question : si les gens de Brighton, — si les vieilles femmes des deux