Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/412

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de chimérique à redouter que, par un machiavélisme monstrueux, il ne s’efforce, dans un sordide intérêt, de plonger la nation dans toutes les calamités de la guerre. Si nous étions menacés d’une telle éventualité, j’ai la confiance que le peuple de ce pays se lèverait comme un seul homme pour protester contre tout appel à ces moyens sanguinaires qui devront être relégués à jamais dans les annales des temps barbares. Cette agitation doit se maintenir et progresser, parce qu’elle se fonde sur une vue complète des vrais intérêts nationaux et sur les principes de la morale. Oui, nous soulevons une question morale. Laissons à nos adversaires les avantages dont ils s’enorgueillissent. Ils possèdent de vastes domaines, une influence incontestable ; ils sont maîtres de la Chambre des lords, de la Chambre des communes, d’une grande partie de la presse périodique et du secret des lettres (applaudissements) ; à eux encore le patronage de l’armée et de la marine, et la prépondérance de l’Église. Voilà leurs priviléges, et la longue énumération ne nous en effraye pas, car nous avons contre eux ce qui est plus fort que toutes ces choses réunies : le sentiment du juste gravé au cœur de l’homme. (Acclamations.) C’est une puissance dont ils ne savent pas se servir, mais qui nous fera triompher d’eux ; c’est une puissance plus ancienne que leurs races les plus antiques, que leurs châteaux et leurs cathédrales, que l’Église et que l’État ; aussi ancienne, que dis-je ? plus ancienne que la création même, car elle existait avant que les montagnes fussent nées, avant que la terre reposât sur ses fondements ; elle habitait avec la sagesse dans l’esprit de l’Éternel. Elle fut soufflée sur la face de l’homme avec le premier souffle de vie, et elle ne périra pas en lui tant que sa race n’aura pas compté tous ses jours sur cette terre. Il est aussi vain de lutter contre elle que contre les étoiles du firmament. Elle verra, bien plus, elle opérera la destruction de tout ce qu’il y a d’injustice au fond de toutes les institutions politiques et sociales. Oh ! puisse la Providence consommer bientôt sur le genre humain cette sainte bénédiction ! (Applaudissements prolongés.)


Après une courte allocution dans laquelle le président, au