Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/368

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ravant. (Applaudissements.) Mettez le mot « sucre » à la place du mot « chou », et vous aurez une complète intelligence de la motion récemment proposée par nos anciens adversaires, les planteurs des Indes occidentales. (Écoutez ! écoutez !) Le gouvernement avait proposé de fixer le droit sur le sucre étranger à 34 sh. et le sucre colonial à 24 sh., c’était donner au producteur de ce dernier un extra-prix de 10 sh., parce que, comme dans l’hypothèse des choux de Hammersmith, les fournitures des colons sont insuffisantes pour notre marché, et ils ne vendront pas une once de leur sucre jusqu’à ce qu’ils retirent le même prix que les planteurs de Java, lesquels, sur ce prix, ont à payer un droit de 10 sh. plus élevé que nos colons. Voyons à combien monte ce droit protecteur ? Nos colonies fournissent, en nombre rond, à ce pays, environ 4,000,000 quintaux de sucre ; 10 sh. par quintal, sur cette quantité, cela fait bien, si je sais compter, 2 millions sterling. Cette somme immense, c’est la prime, ou, comme on l’appelle, la protection que le gouvernement propose d’accorder aux planteurs des Indes occidentales. Gentlemen, quelle a été la conduite des free-traders par rapport à ce monopole ? Nous avons mis en avant une motion pour l’égalisation des droits sur tous les sucres, afin que tous les producteurs de sucre payassent une taxe égale, sous forme de droit, à la reine Victoria, et qu’il ne fût permis à aucun de mettre une portion de cette taxe dans sa poche. (Bruyants applaudissements.) Nous avons soutenu cette proposition à la Chambre des communes, et bien que, à ce que je crois, nous les ayons indubitablement battus par les arguments, ils nous ont battus par les votes. Est venu alors l’amendement de M. Miles, qui proposait un droit de 20 sh. sur le sucre colonial, et 30 sh. sur le sucre étranger. Mais en même temps, introduisant dans sa mesure une distinction omise dans le projet du gouvernement, il voulait que tout sucre étranger, d’une espèce particulière appelée white-clayed, payât 34 sh. — Je suis informé qu’un grand nombre de personnes, même dans celle capitale éclairée, pensent que les free-traders ont eu tort de résister à l’amendement de M. Miles. (Écoutez !) D’abord, un fort soupçon, pour ne rien dire de plus, s’attachait à l’origine