posons à cela, parce que c’est du monopole ; nous nous opposons
à cela en nous fondant sur un principe, et notre opposition
est d’autant plus énergique, qu’il s’agit d’une taxe qui n’offre
aucune compensation à la très-grande majorité de ceux qu’elle
frappe. Il n’est pas au pouvoir du gouvernement, en effet, de
donner protection aux manufacturiers et aux ouvriers ; et,
quant à eux, le monopole du pain est une pure injustice. S’il y
a quelques personnes qui désirent, en toute honnêteté, asseoir
une taxe sur le blé, qu’elles proposent, afin de montrer la
loyauté de leur dessein, de prélever cette taxe, par l’accise, et
sur le blé, à la mouture. Personnellement, je résisterai à cet
impôt. Mais parlant comme free-trader, je dis que si l’on veut
une loi céréale qui n’inflige pas un monopole au pays, il faut
taxer les céréales de toutes provenances à la mouture, et laisser
entrer librement les grains étrangers. Alors quiconque mangera
du pain paiera la taxe ; et quiconque produira du blé ne bénéficiera
pas par la taxe. Je crois que lorsque la proposition se
présentera sous cette forme, elle ne rencontrera pas l’agitation
dans le pays, pas plus que la taxe du sel qui ne confère à personne
d’injustes avantages (Applaudissements.) S’il faut que le
trésor public prélève un revenu sur le blé, il en tirera dix fois
plus d’une taxe à la mouture que d’un droit de douane, sans que
le premier mode élève plus que le second le prix du pain[1].
M. Cobden répond à l’accusation qu’on a dirigée contre
- ↑ Cela se comprend aisément. Supposons que la consommation du blé
en Angleterre soit de 60 millions d’hectolitres, dont 54 millions de blé
indigène et 6 millions de blé étranger.
Supposons encore que ce dernier vaut à l’entrepôt 20 fr. l’hectolitre. Un droit de 2 fr. à la mouture frapperait les 60 millions d’hectolitres et donnerait au trésor un produit de 120 millions. De plus, il établirait le cours du grain sur le marché à 22 francs.
Un droit de douane de 2 fr. fixerait aussi le cours du blé à 22 fr., puisque, d’après l’hypothèse, l’étranger ne saurait vendre au-dessous. Mais le droit, ne se prélevant que sur 6 millions d’hectolitres, ne produirait à l’Échiquier que 12 millions.
Ce sont les monopoleurs qui gagnent la différence.