Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/177

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cœur pour sentir, une voix pour parler et un bras pour agir. (Bruyantes acclamations.)


M. Cobden s’avance au bruit des applaudissements et s’exprime en ces termes :


Le Révérend Ministre qui vient de s’asseoir s’est rendu coupable au moins d’une œuvre de surérogation (rires) lorsqu’il a jugé nécessaire de défendre les Ministres du culte pour la noble part qu’ils ont prise à cette agitation. (Bruyantes acclamations.) Si je regrette quelque chose dans le cours de nos opérations relatives aux lois-céréales, c’est de ne les avoir peut-être pas suffisamment considérées comme affectant les mœurs, la religion et l’éducation. On parle d’éducation ; l’on demande si le peuple désire l’éducation. Je puis affirmer qu’il n’est aucune classe, même la plus humble, où les hommes, s’ils en avaient les moyens, ne se montrassent aussi empressés de procurer à leurs enfants le bienfait de l’éducation qu’on peut l’être dans les classes supérieures. Dans les années 1835 et 1836, lorsque le nord de l’Angleterre florissait, lorsque l’énergie du peuple n’était pas assoupie, lorsque nous n’étions pas engagés comme aujourd’hui dans un humiliant combat pour du pain. — Je me rappelle qu’il y eut plusieurs magnifiques meetings à Manchester pour l’avancement de l’éducation, et dans l’espace de quelques mois on recueillit 12,000 livres parmi les classes manufacturières, dans le but de construire des maisons d’école convenables. (Applaudissements.) Mais la loi-céréale s’élève comme un obstacle sur le seuil de toute amélioration morale. Qu’elle soit abrogée, et les classes industrieuses auront le moyen, comme elles ont la volonté, d’élever leurs enfants. Je regarde encore la question de la liberté commerciale comme impliquant la question de la paix universelle. Si, comme on peut me l’objecter, de grandes puissances, de grandes cités commerciales ont été renommées pour leurs guerres et leurs conquêtes, c’est parce qu’elles ne pouvaient accroître leur commerce que par l’agrandissement du territoire. Il est certain cependant que toutes les fois que les villes commerciales se sont confédérées, elles ont eu pour but de conserver la paix et non de faire la guerre. (Ap-