Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 3.djvu/176

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courbé par un long désespoir devant cette humiliation ; le sentiment du droit s’est évanoui aux approches de la famine, et les hommes ont appris à se demander s’il n’existait pas un droit primordial, antérieur au droit de propriété, qui les justifie de prendre là où ils le rencontrent, ce qui est indispensable au soutien de la vie ; et finalement, nos institutions nationales si longtemps et si cordialement vénérées, ont été accusées, sinon d’être la source incurable du mal, du moins de constituer toute la force agressive et défensive de ceux qui perpétuent cet abus intolérable. » (Écoutez, écoutez.) Nous sommes dans un temps d’agitation, de grande et juste agitation parmi le peuple, le tonnerre commence à gronder ; des bruits prophétiques se font entendre sur tous les points de l’horizon, cris pleins d’agonie, de désespoir et de détermination ; l’électricité s’accumule et la tempête commence à éclater. Le peuple est résolu, — non comme tant d’autres fois l’épée à la main et en esprit de rébellion, mais en esprit de paix et de légalité, — à revendiquer les droits qu’il tient de l’auteur des choses, et dont il a été si injustement dépouillé. Le peuple veut vaincre et il vaincra. Le flot s’avance, les vagues grossissent, et rien ne pourra les arrêter. — Les effets de ces lois ont été à un haut degré préjudiciables aux intérêts de la religion. En beaucoup d’endroits, les hommes du peuple, faute de vêtements convenables, se sont éloignés du service divin. (Écoutez.) Les lois-céréales tendent en outre directement à restreindre les effets de ces institutions charitables, dont l’étendue et la bienveillance ont jeté tant de gloire sur le nom britannique, car à mesure que la détresse gagne du terrain, toutes les classes sont successivement envahies, toutes, excepté celles que défendent la naissance aristocratique et les possessions héréditaires. Ces lois ont encore un plus funeste résultat en prévenant l’extension de l’éducation, ce grand objet que le gouvernement pourrait abandonner à lui-même si la misère ne forçait à avoir recours à lui. (Écoutez, écoutez.) Je n’ajouterai qu’un mot, comme ami de la liberté en toutes choses. Liberté d’action, liberté de pensée, liberté d’échange, — car tout ce qu’il y a de bon sur cette terre est né de la liberté, — je défendrai cette grande cause tant que j’aurai un