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dre[1]. (Bruyantes acclamations.) Le doyen de Hereford a abandonné la présidence de la Société des ouvriers, parce que l’excellent secrétaire de cette institution avait déposé dans les bureaux quelques exemplaires de notre circulaire contre la taxe du pain (bread-tax). M. le doyen commença bien par offrir la faculté de retirer le malencontreux pamphlet ; mais le secrétaire ayant préféré son devoir à un acte de courtoisie envers le haut dignitaire de l’Église, il en est résulté que la circulaire est restée et que c’est le doyen qui est sorti. (Rires.) J’ai devant moi une lettre authentique qui établit un cas plus grave. Dans un bourg de Norfolk, un gentleman avait été chargé de faire parvenir, par l’intermédiaire du sacristain, quelques brochures de la Ligue au curé et à la noblesse du voisinage. Le sacristain déposa ces brochures sur la table du vestiaire ; mais lorsque le ministre entra pour revêtir sa robe, il s’en empara, les porta à l’église et en fit le texte d’un discours violent, où il traita les membres de la Ligue d’assassins (éclats de rires), ajoutant qu’un certain Cobden (on rit plus fort) avait menacé sir Robert Peel d’être assassiné s’il ne satisfaisait aux vœux de la Ligue ; après quoi il fit brûler les brochures dans le poêle, disant qu’elles exhalaient une odeur de sang. (Nouveaux rires.) Je conviens qu’une telle conduite mérite plus de compassion que de colère, compassion pour le troupeau confié à la garde d’un tel ministre ; compassion surtout pour le ministre lui-même, qui demande à son Créateur « le pain de chaque jour » avec un cœur fermé aux souffrances de ses frères ; pour un ministre qui oublie à ce point la sainteté du sabbat et la majesté du temple, que de

  1. Le clergé d’Angleterre se rattache au monopole par la dîme. Il est évident que plus le prix du blé est élevé, plus la dîme est lucrative. Il s’y rattache encore par les liens de famille qui l’unissent à l’aristocratie.