Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/72

Cette page a été validée par deux contributeurs.

provinces polonaises et les gouvernements de la Nouvelle-Russie, qui alimentent les places d’Odessa dans la mer Noire, de Taganrog, Rostow, Marioupole, etc., dans la mer d’Azow. L’énorme exportation des années 1844 et 1845 avait donné dans ces contrées une grande impulsion à la culture des céréales ; la température extraordinairement favorable de l’été en a favorisé le développement…

« La récolte en Égypte a été supérieure aux produits d’une année commune. Elle excède de beaucoup les besoins de la consommation ; la moyenne des exportations annuelles est d’environ 990,000 hectolitres ; Alexandrie peut en livrer facilement cette année de 1,700,000 à 1,800,000…

« Aux États-Unis, les deux récoltes abondantes de 1845 et 1846 ont accumulé d’importantes quantités de grains disponibles pour l’exportation ; et un rapport officiel du 30 septembre dernier n’évalue pas cette récolte à moins de 26 millions d’hectolitres de maïs, et plus de 49 millions d’hectolitres de froment. »

Les deux phénomènes qui, dans leur coexistence, sont les plus propres à déterminer une invasion de produits étrangers se présentent donc ici, à savoir : déficit chez nous, extrême abondance dans les autres pays producteurs.

Nous ajouterons qu’au point de vue du système restrictif, qui se préoccupe surtout de celui qui produit le blé et non de celui qui le mange, il était impossible de choisir un plus mauvais moment pour ouvrir les ports.

Après bien du travail et des fatigues, le laboureur voit son blé détruit par la pluie ; ce qui lui en reste ne peut le récompenser de ses soins et de ses avances qu’autant qu’il le vendra à un prix élevé. Et c’est dans ce moment que vous donnez un libre accès au blé étranger, cultivé sur une terre qui ne coûte rien, par des mains qu’on ne paye pas, dans un pays exempt d’impôts, et où, par surcroît de fata-