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nos bannières, qui est inscrit sur tous nos édifices, soit enfin une vérité.

Elle demande qu’après avoir payé au gouvernement ce qui est indispensable pour maintenir la sécurité intérieure et extérieure, pour réprimer les fraudes, les délits et les crimes, et pour subvenir aux grands travaux d’utilité nationale, le peuple garde le reste pour lui.

Elle assure que mieux le peuple pourvoira à la sûreté des personnes et des propriétés, plus rapidement se formeront les capitaux.

Qu’ils se formeront avec d’autant plus de rapidité, que le peuple saura mieux garder pour lui ses salaires, au lieu de les livrer, par l’impôt, à l’État.

Que la formation rapide des capitaux implique nécessairement la hausse rapide des salaires, et par conséquent l’élévation progressive des classes ouvrières en bien-être, en indépendance, en instruction et en dignité.

Ce système n’a pas l’avantage de promettre la réalisation instantanée du bonheur universel ; mais il nous paraît simple, immédiatement praticable, conforme à la justice, fidèle à la liberté, et de nature à favoriser toutes les tendances humaines vers l’égalité et la fraternité. J’y reviendrai après avoir exposé et approfondi les vues d’une autre école, qui paraît en ce moment prévaloir dans les sympathies populaires.

Celle-ci veut aussi le bien du peuple ; mais elle prétend le réaliser par voie directe. Sa prétention ne va à rien moins qu’à augmenter le bien-être des masses, c’est-à-dire accroître leurs consommations tout en diminuant leur travail ; et, pour accomplir ce miracle, elle imagine de puiser des suppléments de salaires soit dans la caisse commune, soit dans les profits exagérés des entrepreneurs d’industrie.

C’est ce système dont je me propose de signaler les dangers.