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dessous d’elle, il y a le peuple, qui grandit, se fortifie et se prépare à vaincre, dans le second acte de guerre sociale. »

Si la symétrie suffisait pour donner de la vérité aux systèmes, on ne voit pas pourquoi celui-ci n’irait pas plus loin. Ne pourrait-on pas ajouter en effet :

Quand le peuple aura triomphé de la bourgeoisie, il dominera et sera par conséquent aristocratie à l’égard des mendiants. Ceux-ci grandiront, se fortifieront à leur tour et prépareront au monde le drame de la troisième guerre sociale.

Le moindre tort de ce système, qui défraye beaucoup de journaux populaires, c’est d’être faux.

Entre une nation et son aristocratie, nous voyons bien une ligne profonde de séparation, une hostilité irrécusable d’intérêts, qui ne peut manquer d’amener tôt ou tard la lutte. L’aristocratie est venue du dehors ; elle a conquis sa place par l’épée ; elle domine par la force. Son but est de faire tourner à son profit le travail des vaincus. Elle s’empare des terres, commande les armées, s’arroge la puissance législative et judiciaire, et même, pour être maîtresse de tous les moyens d’influence, elle ne dédaigne pas les fonctions ou du moins les dignités ecclésiastiques. Afin de ne pas affaiblir l’esprit de corps qui est sa sauvegarde, les priviléges qu’elle a usurpés, elle les transmet de père en fils par ordre de primogéniture. Elle ne se recrute pas en dehors d’elle, ou, si elle le fait, c’est qu’elle est déjà sur la voie de sa perte.

Quelle similitude peut-on trouver entre cette constitution et celle de la bourgeoisie ? Au fait, peut-on dire qu’il y ait une bourgeoisie ? Qu’est-ce que ce mot représente ? Appellera-t-on bourgeois quiconque, par son activité, son assiduité, ses privations, s’est mis à même de vivre sur du travail antérieur accumulé, en un mot sur un capital ? Il n’y a qu’une funeste ignorance de l’économie politique qui ait