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tionnistes ? Ils auraient soin de raisonner sur la supposition qu’il y a une connexion nécessaire entre ces souffrances et la liberté, comme ils le font aujourd’hui à propos des traités de Méthuen et de 1786.

C’est une chose bien remarquable, qu’au milieu de la crise qui désole l’Angleterre, pas une voix ne s’élève pour l’attribuer aux réformes libérales accomplies par sir R. Peel. Au contraire, chacun sent que, sans ces mesures, l’Angleterre serait en proie à des convulsions devant lesquelles l’imagination recule d’horreur. D’où provient cette confiance en la liberté ? De ce que la Ligue a travaillé pendant de longues années ; de ce qu’elle a familiarisé toutes les intelligences avec les notions d’économie publique ; de ce que la réforme était dans les esprits, et que les bills du parlement n’ont fait que sanctionner une volonté nationale forte et éclairée.

Enfin, nous avons repoussé ce conseil, malgré ce qu’il avait de séduisant pour l’impatience, la furia francese, par un motif de justice.

C’est notre conviction qu’en détendant la pression du régime protecteur, aussi progressivement que l’on voudra, mais selon une transition arrêtée d’avance et sur tous les points à la fois, on offre à toutes les industries des compensations qui rendent la secousse véritablement insensible. Si le prix du blé est tenu de quelque chose au-dessous de la moyenne actuelle, d’un autre côté, le prix des charrues, des vêtements, des outils et même du pain et de la viande, impose une charge moins lourde aux agriculteurs. De même, si le maître de forge voit baisser de quelques francs la tonne de fer, il a la houille, le bois, l’outillage et les aliments à de meilleures conditions. Or, il nous a paru que ces compensations qui naissent de la liberté, une fois établies, devaient accompagner uniformément la réforme elle-même pendant tout le temps de la transition, pour