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Ici l’orateur donne lecture du message et compare les traductions.


Je dois cependant dire que d’autres journaux, entre autres le National ont reproduit les passages supprimés par le Moniteur et la Presse. Mais, hélas ! par je ne sais quelle fatalité, le National a omis ce qui intéressait le plus son public, les paragraphes qui se rapportent à la marine marchande et à la hausse des salaires.

Enfin, Messieurs, que se passe-t-il en Angleterre ? N’est-il pas de notoriété publique que c’est la démocratie qui réalise la liberté commerciale, et que l’aristocratie lui oppose une résistance désespérée ? Ignorez-vous que les lords anglais, ces vigilants conservateurs de tout ce qui porte quelque stigmate de féodalité, ont rejeté d’au milieu d’eux et chassé du pouvoir sir R. Peel lui-même, leur général, pour avoir, en présence de la famine, laissé entrer le blé étranger ?

J’ai nommé l’Angleterre. C’est un sujet que les passions du jour rendent délicat ; l’heure avancée ne me permettant pas de dire ma pensée tout entière, j’aime mieux m’abstenir. Sans cela, croyez que je m’expliquerais ouvertement ; car je ne crois pas qu’un acte d’indépendance puisse être mal accueilli devant un auditoire français. Je ne crains pas d’être réfuté, je ne crains pas d’être critiqué ; mais il m’est bien permis de craindre d’être mal compris. (Approbation.)

Je dirai cependant que l’aristocratie britannique a la vue longue. Elle sait tout ce que la liberté commerciale porte dans ses flancs. Elle sait que c’est la fin du régime colonial, la mort de l’acte de navigation, le renversement de sa diplomatie traditionnelle, le terme de sa politique envahissante et jalouse. Ce qu’elle regrette, ce n’est pas seulement le monopole du blé, c’est un autre monopole qu’elle voit compromis, l’exploitation de l’armée, de la marine, des gouvernements lointains et des ambassades. Aussi la voyons-