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spoliation réciproque ; ensuite qu’il entraîne nécessairement une déperdition de richesses à répartir sur la communauté.

Cette démonstration, que je pourrais rendre mathématique, m’entraînerait trop loin. Je la confie à votre sagacité ; et vous reconnaîtrez, avec quelque confusion, que si souvent les singes singent les hommes, dans cette circonstance ce sont les hommes qui ont singé les singes.

L’heure me presse, et je ne voudrais pas perdre l’occasion d’appeler votre attention sur un autre aspect de la question : je veux parler des chances qu’ouvre le libre-échange à toutes ces réformes financières après lesquelles nous soupirons tous si ardemment et si vainement. J’en ai parlé à Lyon, et le sujet me paraît si grave que je me suis promis d’en parler partout où je pourrai me faire entendre.

Messieurs, il ne peut pas entrer dans ma pensée de heurter les convictions politiques de qui que ce soit. Mais ne me sera t-il pas permis de dire qu’il n’existe aucun parti politique (je ne dis pas aucun homme politique, mais aucun parti) qui se présente devant les Chambres et devant le pays avec un plan de réforme financière clair, net, précis, actuellement praticable ? Car, si je regarde du côté du ministère, je ne vois rien de semblable dans ses discours, et encore moins dans ses actes ; et si je me tourne du côté de l’opposition, je n’y vois qu’une tendance marquée vers l’accroissement des dépenses, ce qui n’est certes pas un acheminement vers la diminution des charges publiques.

Eh bien ! je ne sais si je me fais illusion (vous allez en juger), mais il me semble que le libre-échangiste tient en ses mains ce programme si désiré.

Je suppose qu’à l’ouverture de la prochaine session, un homme investi de la confiance de la couronne se présente devant les mandataires du pays et leur dise :

« Le libre-échange laissera entrer en France une multitude d’objets qui maintenant sont repoussés de nos fron-