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ner : à reconnaître qu’il faut étudier le régime restrictif en lui-même ; savoir si, au total, il entraîne ou n’entraîne pas une déperdition de richesses. S’il l’entraîne, il est jugé ; et lorsqu’on met en avant les ouvriers et leurs salaires, je ne dirai pas qu’on ajoute l’hypocrisie à la cupidité, mais qu’on entasse erreur sur erreur.

La vérité est qu’en vertu de la loi de solidarité, de l’effort que chacun fait pour se débarrasser du fardeau, de cette vis medicatrix qui est au fond de la société humaine, le mal tend à se répartir sur tous, maîtres et ouvriers, en proportions diverses.

Ne nous en tenons pas à des présomptions, et attaquons directement le problème.

Un simple ouvrier l’a admirablement posé en ces termes pleins de justesse et de clarté :

Quand deux ouvriers courent après un maître, les salaires baissent.

Quand deux maîtres courent après un ouvrier, les salaires haussent.

L’économie politique ne fait qu’habiller cette pensée d’un vêtement plus doctoral quand elle dit : Le taux du salaire dépend du rapport de l’offre à la demande.

Le capital et le travail, voilà les deux éléments de ce taux. Quand il y a sur le marché une quantité de capital et une quantité de travail déterminées, le taux moyen des salaires s’en déduit de toute nécessité. Les maîtres voulussent-ils l’élever par bienveillance, ils ne le pourraient pas. Si le capital est représenté par 100 fr. et le travail par 100 hommes, le salaire ne peut être que de 1 fr. Si la philanthropie des maîtres ou de la loi le portait à 2 fr., le capital restant à 100, comme de 100 fr. on ne peut tirer que 50 fois 2 fr., il n’y aurait que 50 ouvriers d’employés. L’humanité en masse n’en serait que plus malheureuse, et l’inégalité des conditions plus choquante ; et, sans parler de la perte ré-