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tous les peuples à la fois est de se ruiner réciproquement et de se dominer les uns les autres, il est bien clair que chacun doit se soumettre aussi à un autre effort, quelque pénible qu’il soit, celui de se donner de fortes armées permanentes et de puissantes marines militaires.

Et cela ne se peut sans de lourds impôts, d’interminables entraves ; ce qui aboutit encore, et toujours, à augmenter le prix de revient des produits.

Ainsi, entraves, gênes, impôts, priviléges, inégalités, renchérissement des objets de consommation, renchérissement des matières premières, infériorité industrielle, jalousies nationales, principe d’antagonisme, armées permanentes, puissantes marines, guerres imminentes, développement de la force brutale, voilà le programme du régime restrictif. Je voudrais vous présenter aussi celui du libre-échange. Mais quoi ! ai-je autre chose à faire pour cela que de prendre justement le contre-pied de ce que je viens de dire ?

Le libre-échange est non-seulement une grande réforme, mais c’est la source obligée de toutes les réformes financières et contributives.

Quand on a demandé la réduction du port des lettres, l’abaissement de l’impôt du sel, la simple exécution de la loi sur les surtaxes, qu’a-t-il été répondu ? « Rien de tout cela ne peut se faire sans que le fisc perde quelques millions ! » Le problème, l’éternel problème est donc de trouver ces quelques millions, quelque chose qui fasse l’office qu’a fait l’income-tax entre les mains de sir Robert Peel.

Eh bien ! par un bonheur providentiel, pour le salut de nos finances, il se rencontre que la douane se présente, parmi tous nos impôts, avec ce caractère unique, étrange, qu’en soulageant le contribuable on élève le revenu. C’est ce qu’avouent, de la manière la plus explicite, les deux