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Messieurs, je ne sais pourquoi on a voulu faire de l’économie politique une science mystérieuse, car, s’il est une science qui se tienne toujours près des faits et du bon sens, c’est certainement celle-là. Observez ce qui se passe dans vos comptoirs, dans vos ateliers, dans vos ménages, à la campagne, à la ville : que cherchent tous les hommes sans distinction de rangs, de races, de profession ? À diminuer le prix de revient.

C’est pour cela qu’ils ont substitué la charrue à la houe, la charrette à la hotte, la vapeur au cheval, le rail au pavé, la broche au fuseau ; toujours, partout, on veut diminuer le prix de revient. N’est-ce pas une indication que les bons gouvernements doivent faire de même, agir dans le même sens ? Mais, au contraire, ils se sont fait une économie politique en vertu de laquelle, autant qu’il est en eux, ils enflent vos prix de revient ; car que fait le régime protecteur ? Il renchérit tous les éléments qui entrent dans vos prix de revient et les constituent. Ce n’est pas seulement son résultat, c’est sa prétention ; ce n’est pas un accident, c’est un système, un but, un parti pris. Ainsi, il se met en contradiction avec toutes les tendances de l’humanité. Et on appelle cela de l’économie politique sage et prudente !

Mais voyons un peu. De quoi se compose le prix de revient d’une pièce d’étoffe ? D’abord de toutes les matières qui entrent dans sa confection ; ensuite du prix de tous les objets qui ont été consommés par les travailleurs pendant le cours entier de l’opération. Il faut évidemment, pour que l’industrie continue, pour que l’opération se renouvelle, qu’à chaque fois le prix total de la vente couvre tous ces débours partiels.

Or, que fait le régime protecteur ? En tant qu’il agit, il ajoute, et il a la prétention d’ajouter à tous ces prix partiels. Il aspire méthodiquement à les élever. Il dit : Vous payerez un peu plus cher la machine, le combustible, la