Page:Œuvres complètes de Frédéric Bastiat, Guillaumin, 2.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

grand bonheur. Voici comment il a démontré, à son tour, qu’il y a au fond du système protecteur une grande déception, même pour les industries qui croient le plus en profiter.

Il y avait une fois… encore un conte. Mais rassurez-vous, celui-ci est très-court. — Vraiment, Messieurs, je me demande si ce style familier est bien de mise devant un auditoire si éclairé. Je m’empresse de me placer sous l’autorité du bon La Fontaine, qui était bien Français, et qui disait :

« Si Peau d’âne m’était conté,
« J’y prendrais un plaisir extrême. »

D’ailleurs, je vous ai prévenus, je ne suis pas orateur ; je n’ai pas fait mon cours de rhétorique, et je ne puis pas même dire comme Lindor :

« Je ne suis qu’un simple bachelier, »

Et je dois avouer, ainsi que la servante de Chrysale :

« Que je parle tout dret comme on parle cheux nous. »

Donc un homme descendait une montagne, le baromètre à la main. Quand il fut au fond de la vallée : Oh ! oh ! dit-il, qu’est-ce ceci ? Le mercure a monté ! Il faut de toute nécessité qu’il ait perdu de son poids.

Cet homme se trompait. Ce n’était pas le mercure, c’était l’atmosphère qui avait changé. Il ne prenait pas garde que la hauteur d’un fluide dans un tube dépend de deux circonstances : de sa pesanteur spécifique sans doute, et aussi du poids de la colonne d’air qui le presse.

Voilà, Messieurs, la source de toutes les erreurs économiques. On cherche la valeur d’un objet en lui-même, dans son utilité intrinsèque, dans le travail qu’il a occasionné ; et l’on oublie que cette valeur dépend aussi du milieu dans lequel l’objet est placé. Par exemple, si le sol sur lequel je suis était à vendre, il trouverait probablement des