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Il ne faut pas laisser croire que le maintien de nos industries, soumises au régime de la liberté, est subordonné à des progrès probables, sans doute, mais dont personne ne saurait préciser la portée.

Ce qu’il faut faire voir, c’est ceci : que l’épreuve de l’égalisation par l’impôt est beaucoup plus dangereuse que celle de l’égalisation par le libre-échange, et que, par conséquent, si le sucre indigène s’est tiré de l’une, à fortiori l’industrie nationale se tirera de l’autre.

Deux circonstances différencient essentiellement ces épreuves.

La première frappe tous les esprits, et nous ne nous y arrêterons pas ; c’est que la réforme douanière apporte par elle-même à chaque industrie un élément de succès et lui ouvre une source d’économie. En même temps que le libre-échange prive certains établissements de protection, il leur fournit à plus bas prix la matière première, le combustible, les machines et la subsistance. C’est là une première compensation que l’impôt et l’exercice n’offraient certes pas au sucre de betterave.

La seconde circonstance est moins aperçue, quoique bien autrement importante. Nous supplions nos amis, et plus encore nos adversaires, d’en peser toute la gravité ; car du jour où ils tiendront compte du phénomène économique dont nous voulons parler, ils cesseront d’être nos adversaires. Telle est du moins notre profonde conviction.

Tout le monde sait que lorsqu’un produit baisse de prix, la consommation s’en accroît. Or, accroissement de consommation implique accroissement de demande, et par suite rehaussement de prix.

Supposons qu’un objet dont le prix de revient (y compris le profit du producteur) est 100 francs, soit grevé de 100 fr. de taxe : le prix vénal sera 200 fr.

Si l’on supprime la taxe, le prix vénal serait de 100 fr.