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connexité en théorie, entre les monopoles, les idées de violence brutale et l’exagération des impôts.

Nous devrons tirer encore de là une autre conclusion.

Le Moniteur industriel nous accuse souvent d’anglomanie ; mais il est pour le moins aussi anglomane que nous. Nous sympathisons, il est vrai, avec les idées de justice, de liberté, d’égalité, de paix, partout où nous les voyons se produire, fût-ce en Angleterre. Et c’est pour cela, soit qu’il s’agisse de liberté de commerce ou de réduction de forces brutales, qu’on nous voit du côté des Cobden, des Bright et des Villiers.

Le Moniteur industriel prêche l’exploitation du public par une classe. C’est pour cela qu’on le voit du côté des Bentinck et des Sibthorp, soit que l’exploitation se fasse par le monopole, soit qu’elle se fasse par l’abus des fonctions et des impôts.

La discussion sur les armements aura lieu bientôt à la Chambre des communes. Nous attendons là le Moniteur industriel. Lui qui nous reproche de sympathiser avec la cause du peuple anglais, nous verrons s’il ne s’enrôle pas encore cette fois à la suite de l’oligarchie britannique et du Morning-Post.

Messieurs les monopoleurs, permettez-nous de vous le dire : vous faites un grand étalage de sentiments patriotiques ; mais votre patriotisme n’est pas de bon aloi.

Votre grand argument contre la liberté des transactions est : Que ferions-nous en cas de guerre, si nous tirions une partie de nos approvisionnements de l’étranger ?

C’est par cet argument que vous parvenez à retenir l’opinion publique près de vous abandonner.

Vous aviez donc besoin, non pas de la guerre (ce serait une perversité dont nous vous croyons incapables), mais de l’éventualité toujours imminente d’une guerre. La durée de vos monopoles est à ce prix.