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vert un livre d’économie politique, car ils ne sont autre chose que la réfutation méthodique de ce sophisme que M. Vidal leur impute.

J.-B. Say commence ainsi son cours : « Les sociétés sont des corps vivants, » et ses six volumes ne sont que le développement de cette pensée.

Quant à Rousseau et à son prétendu état de nature, il n’a jamais été réfuté, à ma connaissance, avec autant de logique que par Ch. Comte (Traité de législation).

M. Dunoyer, prenant l’homme à l’état sauvage, et le suivant dans tous les degrés de civilisation, montre que plus il déploie de qualités sociales, plus il approche de sa vraie nature (De la liberté du travail).

Ce n’est donc point dans nos rangs qu’il faut chercher des admirateurs de cette théorie de Rousseau. Pour les trouver dans notre dix-neuvième siècle, il faut s’adresser à une école qui se croit fort avancée, parce que, selon elle, le pays n’est pas en état de la comprendre. Voici ce qu’on lit dans la Revue indépendante. C’est M. Louis Blanc qui donne des conseils aux Allemands :

Après avoir opposé l’école démocratique à l’école libérale ;

Après avoir dit que l’école démocratique est issue du Contrat social, qu’elle domina la Révolution par le Comité de salut public, et (afin qu’il n’y ait point de méprise) qu’elle fut vaincue au 9 thermidor ;

Après avoir fait de l’école libérale le même portrait qu’en donne M. Vidal : « elle proclame le laissez faire, elle nie le principe d’autorité, elle livre chacun à ses propres forces, etc. ; »

M. Blanc harangue ainsi son vaste auditoire :

« Et maintenant, souvenez-vous, Allemands, que le représentant de la Démocratie, fondée sur l’unité et la fraternité, au dix-huitième siècle, ce fut J.-J. Rousseau. Or, J.-J. Rousseau n’avait pas été conduit par la pensée dans le