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seulement elle y veut arriver avec une lenteur désespérante. Quant au Constitutionnel, on ne peut pas dire qu’il se prononce ; il s’efforce de nous décourager. Mais ses arguments sont si faibles qu’ils manquent leur but, et il semble qu’une secrète répugnance dominait la plume qui les a formulés. Ils reposent tous sur une perpétuelle confusion entre les tarifs protecteurs, que nous attaquons, et les tarifs fiscaux que nous laissons en paix. Ainsi, le Constitutionnel nous apprend que la réforme de sir Robert Peel est tout ce qu’il y a de plus vulgaire. Et quelle preuve en donne-t-il ? C’est qu’elle laisse subsister de forts droits sur le thé, le tabac, les eaux-de-vie, les vins, droits qui n’ont et ne peuvent avoir rien de protecteur, puisque ces produits n’ont pas de similaires en Angleterre. Il ne voit pas que c’est en cela que consiste la libéralité de la mesure. — Il nous assure qu’il y a, en Suisse, beaucoup d’obstacles à la circulation des marchandises ; mais il ne disconvient pas que ces obstacles sont communs aux marchandises indigènes et aux marchandises exotiques ; que les unes et les autres y sont traitées sur le pied de la plus parfaite égalité, d’où il résulte seulement une chose, c’est que la Suisse prospère sans protection, malgré la mauvaise assiette de l’impôt.

Encore quelques efforts. Que Paris se réveille ; qu’il fasse une démonstration digne de lui ; que les six mois qui sont devant nous soient aussi féconds que ceux qui viennent de s’écouler, et la question de principe sera emportée.


17. — LE PARTI DÉMOCRATIQUE ET LE LIBRE-ÉCHANGE.


14 Mars 1847.


Quand nous avons entrepris de défendre la cause de la liberté des échanges, nous avons cru et nous croyons encore travailler principalement dans l’intérêt des classes