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lisme de la perfide Albion est demeurée, ou peu s’en faut, dans toute sa force.

Mais enfin, ne reste-t-il rien du discours de M. Guizot ? N’y a-t-il rien à conclure de ces paroles qui ont eu en France tant de retentissement ?

S’il faut dire ce que j’en pense, je crois qu’à travers beaucoup de distinctions et de précautions, une pensée de liberté s’y laisse apercevoir.

Il est vrai que M. Guizot a dit et répété : Nous sommes conservateurs, nous sommes protecteurs. — Mais il a dit aussi : M. Peel est conservateur et protecteur.

Donc, dans sa pensée, l’esprit de conservation et de protection n’est pas incompatible avec une réforme plus ou moins radicale.

Il a été plus loin lorsqu’il a dit : « Nous avons intérêt à réformer progressivement nos tarifs, à étendre nos relations au dehors, à nous donner à nous-mêmes de nouveaux gages de bons rapports et de paix, à améliorer ainsi la condition du public consommateur. »

Et encore :

« Il faut avancer toutes les fois que cela se peut sans danger pour nos grandes industries, avec profit pour notre influence politique dans le monde, avec profit pour le public consommateur. »

Le voilà donc prononcé le grand mot, le mot consommateur, le mot qui résout tous les problèmes ; car, enfin, la consommation est le but définitif de tout effort, de tout travail, de toute production. Le consommateur est mis en scène ; il n’en sortira pas, et bientôt il l’occupera tout entière. (V. tome IV, page 72.)

Il est permis de croire que M. Guizot n’a pas fait de la science de Smith et de Say une étude spéciale. Nul homme ne peut tout savoir. Mais j’ose prendre sur moi d’affirmer qu’il tient dans sa main le fil qui le conduira sûrement à