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langage, il faut qu’il fasse partie de ce public pour qui l’administration est faite et qui le paye.

Il faut bien admettre qu’il appartient exclusivement au public de décider comment, dans quelle mesure, à quel prix il entend être administré, sans quoi le gouvernement représentatif ne serait qu’une déception, et la souveraineté nationale un non-sens. Or, la tendance du gouvernement à un accroissement indéfini étant admise, si, quand il vous interroge par l’élection, sur ses propres limites, vous lui laissez le soin de se faire lui-même la réponse, en chargeant ses propres agents de la formuler, autant vaudrait mettre vos fortunes et vos libertés à sa discrétion. Attendre qu’il puise en lui-même la résistance à sa naturelle expansion, c’est attendre de la pierre qui tombe une énergie qui suspende sa chute.

Si la loi d’élection portait : « Les contribuables se feront représenter par les fonctionnaires, » vous trouveriez cela absurde et comprendriez qu’il n’y aurait plus aucune borne à l’extension du pouvoir, si ce n’est l’émeute, et à l’accroissement du budget, si ce n’est la banqueroute ; mais les résultats changent-ils parce que les électeurs suppléent bénévolement à une telle prescription ?

Ici, messieurs, je dois aborder la grande question des incompatibilités parlementaires. J’en dirai peu de chose, me réservant d’adresser des observations plus étendues à M. Larnac. Mais je ne puis la passer entièrement sous silence, puisqu’il a jugé à propos de faire circuler parmi vous une lettre, dont je n’ai pas gardé la copie, et qui, n’étant pas destinée à la publicité, ne faisait qu’effleurer ce vaste sujet.

Selon l’interprétation qu’on a donnée à cette lettre, je demanderais que tous les fonctionnaires fussent exclus de la Chambre.

J’ignore si ma lettre laisse apercevoir un sens aussi