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On peut inventer un mode particulier de production et de consommation.

Il faut constituer avant tout la solidarité effective. »

Tout cela est bientôt dit. Mais quand on demande aux socialistes : Qui donc fera toutes ces choses ? qui donc, si l’humanité est passive, l’animera du souffle de vie ? chacun d’eux se pose et répond : Moi.

Il faut être juste envers M. Vidal. Il ne dit pas moi ; il dit : le pouvoir, l’autorité.

Mais ce n’est là que reculer la difficulté ; car si tous les hommes sont des ressorts, des soldats, de la matière inerte ; si toute pensée d’ordre et d’organisation émane d’une autorité, à quel signe pouvons-nous la reconnaître ?

La difficulté est grande, et il fallait bien que M. Vidal se donnât la peine de la résoudre.

Voici comment il s’exprime :

« Nous supposons à priori un pouvoir normal régulièrement constitué. Nous laissons à chacun la faculté de comprendre sous ce nom le système qu’il préfère, qu’il désire, qu’il conçoit ou qu’il rêve. Le gouvernement, quel qu’il soit, c’est pour nous la protection, la prévoyance sociale, le représentant de l’ordre pour tous et dans l’intérêt de tous, etc. »

Si vous supposez à priori un pouvoir normal et infaillible, nous sommes d’accord. Seulement montrez-moi son certificat d’infaillibilité, et je suis prêt à me laisser organiser.

Mais si, dans l’embarras de trouver ce phénix, vous admettez une autorité quelconque, telle que chacun la préfère, la désire, la conçoit ou la rêve, je crains bien que nous n’ayons autant d’autorités qu’il y a d’hommes, ce qui nous replace justement au point de départ.

Ici, M. Vidal a recours à la grande ressource des socialistes, l’organisation. Il ne s’agit que d’organiser le pouvoir.

« Un mauvais gouvernement, dit-il, peut abuser de la