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mettre quelque équité dans la répartition des charges publiques. Il me reste donc à prouver que l’application des prix moyens, prise abstractivement des proportions entre les qualités diverses et les quantités annuelles, a été défavorable aux pays de céréales et de vignes.

L’élévation du prix d’une chose peut être due à deux causes.

Ou la production de cette chose a manqué ; et alors le prix hausse, sans qu’on en puisse inférer, de beaucoup s’en faut, une augmentation de revenu.

Ou la production de cette chose est stationnaire, même progressive, mais la demande s’accroît dans une plus forte proportion ; et alors le prix de cette chose hausse et l’on doit conclure à une amélioration de revenu.

Or, prendre, dans un cas comme dans l’autre, le prix moyen de la chose comme indice du revenu, c’est là une souveraine injustice.

Si le haut prix de 50 fr., que la Chalosse retire cette année de ses vins, était intervenu sans diminution de quantité produite, comme, par exemple, si l’Angleterre, la Belgique et nos grandes villes, eussent renversé les barrières des douanes et de l’octroi, que par suite la consommation du vin se fût doublée et les prix avec elle, je dirais : Inscrivez 50 fr. dans votre liste de prix annuels, faites-les concourir à dégager une moyenne ; car ils correspondent à une amélioration réelle de revenu.

De même, si le prix élevé, auquel nous voyons que les matières résineuses sont parvenues, était dû à l’affaiblissement productif des pignadas ; si les propriétaires de pins perdaient plus sur la quantité de leurs produits qu’ils ne gagnent sur les prix, je serais assez juste pour dire : Ne concluez pas de ces hauts prix à des revenus proportionnels avec eux ; car ce serait un mensonge, ce serait une spoliation.