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salaires et de sinécures ; ceux qui veulent que notre révolution ne se borne pas à un changement de noms propres et de couleur ; qui ne veulent pas que la nation soit exploitée par un parti plutôt que par un autre, et qui veulent conjurer l’orage qui éclaterait infailliblement si les électeurs étaient assez imprudents pour donner la prépondérance au centre droit de la chambre ?

Je ne pousserai pas plus loin l’examen des motifs par lesquels on prétend appuyer une candidature, sur laquelle on avoue généralement ne pas fonder de grandes espérances. À quoi servirait d’ailleurs de s’étendre davantage à réfuter des sophismes que l’on n’emploie que pour s’aveugler soi-même ?

Il me semble que les électeurs n’ont qu’un moyen de faire un choix raisonnable : c’est de connaître d’abord l’objet général d’une représentation nationale, et ensuite de se faire une idée des travaux auxquels devra se livrer la prochaine législature. C’est en effet la nature du mandat qui doit nous fixer sur le choix du mandataire ; et, en cette matière comme en toutes, c’est s’exposer à de graves méprises que d’adopter le moyen, abstraction faite du but que l’on se propose d’atteindre.

L’objet général des représentations nationales est aisé à comprendre.

Les contribuables, pour se livrer avec sécurité à tous les modes d’activité qui sont du domaine de la vie privée, ont besoin d’être administrés, jugés, protégés, défendus. C’est l’objet du gouvernement. Il se compose du Roi, qui en est le chef suprême, des ministres et des nombreux agents, subordonnés les uns aux autres, qui enveloppent la nation comme d’un immense réseau.

Si cette vaste machine se renfermait toujours dans le cercle de ses attributions, une représentation élective serait superflue ; mais le gouvernement est, au milieu de la