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Vous aurez été surpris, sans doute, de me voir publier en ce moment un livre de pure théorie ; et j’imagine que vous ne pourrez en soutenir la lecture. Je crois cependant qu’il aurait de l’utilité dans ce pays, si j’avais songé à faire une édition à bon marché et surtout si j’avais pu enfanter le second volume. Ma non ho fiato, au physique comme au moral, le souffle me manque.

J’ai envoyé un exemplaire de ce livre à M. Porter. Mon ami, nos renommées sont comme nos vins ; les uns comme les autres ont besoin de traverser la mer pour acquérir toute leur saveur. Je voudrais donc que vous me fissiez connaître quelques personnes à qui je pourrais adresser mon volume, afin que, par votre bonne influence, elles en rendissent compte dans les journaux. Il est bien entendu que je ne quête pas des éloges, mais la consciencieuse opinion de mes juges.


3 août 1850.

Mon cher Cobden, depuis le départ de nos bons amis les Schwabe, je n’ai plus l’occasion de m’entretenir de vous. Cependant, je ne vous ai pas tout à fait perdu de vue, et, dans une occasion récente, j’ai remarqué avec joie, mais sans étonnement, que vous vous étiez séparé de nos amis pour rester fidèle à vos convictions. Je veux parler du vote sur Palmerston. Cette bouffée d’orgueil britannique qui a caractérisé cet épisode, n’est pas d’accord avec la marche naturelle des événements et le progrès de la raison publique en Angleterre. Vous avez bien fait de résister. C’est cette parfaite concordance de toutes vos actions et de tous vos votes qui donnera plus tard à votre nom et à votre exemple une autorité irrésistible.

Je suis allé dans mon pays pour voir à guérir ces malheureux poumons, qui me sont des serviteurs fort capricieux. Je suis revenu un peu mieux, mais atteint d’une ma-