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reconnu des traces de son passage à l’attitude, aux gestes, à la physionomie et jusqu’aux articulations des ouvriers. » A-t-on jamais vu la passion se manifester par des tendances plus dangereuses ? Et les trois quarts de l’enquête sont dans cet esprit !

Bref, en conscience, je crois que L. Blanc a fait beaucoup de mal, complice en cela de tous les socialistes, et il y en a beaucoup qui le sont, sans le savoir, même parmi ceux qui crient contre lui ; mais je ne crois pas qu’il ait pris part aux attentats de mai et juin, et je n’ai pas d’autres raisons à donner de ma conduite.

Je te remercie de m’avoir tenu au courant de l’état des esprits. Je connais trop le cœur humain pour en vouloir à personne. À leur point de vue, ceux qui me blâment ont raison. Puissent-ils se préserver longtemps de cette peste du socialisme ! Je me sens soulagé d’un grand poids depuis que ma lettre au préfet est à la poste. Le pays verra que j’entends qu’il se fasse représenter à son gré. Quand viendra la réélection, prie instamment M. Domenger de ne point appuyer ma candidature. En l’acceptant, je m’étais laissé entraîner par le désir de revoir mon pays ; c’était un sentiment tout personnel ; j’en ai été puni. Maintenant je ne désire autre chose que de me débarrasser d’un mandat plus pénible.

Paris, 26 novembre 1848.

Mon cher Félix, vous avez dû m’attendre à Mugron. Mon projet était d’abord d’y aller ; quand j’ai accepté d’être du conseil général, je dois avouer, à ma honte, que j’ai un peu été déterminé par la perspective de ce voyage. L’air natal a toujours tant d’attraits ! et puis j’aurais été heureux de te serrer la main. À cette époque, c’était une chose comme arrêtée que l’assemblée se prorogerait pendant la session du conseil. Depuis les choses ont changé ; on a vu un danger à