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Chacun des conseillers de nommer franchement
 Celui qu’en conscience il croit propre à la chose.
 Le tigre se leva. « Sire, dit-il, les rois
         N’ont de grandeur que par la guerre ;
Il faut que votre fils soit l’effroi de la terre :
         Faites donc tomber votre choix
         Sur le guerrier le plus terrible,
Le plus craint, après vous, des hôtes de ces bois
Votre fils saura tout, s’il sait être invincible ».
L’ours fut de cet avis ; il ajouta pourtant
         Qu’il falloit un guerrier prudent,
Un animal de poids, de qui l’expérience
 Du jeune lionceau sût régler la vaillance
         Et mettre à profit ses exploits.
         Après l’ours, le renard s’explique,
         Et soutient que la politique
         Est le premier talent des rois ;
Qu’il faut donc un mentor d’une finesse extrême
 Pour instruire le prince & pour le bien former.
         Ainsi chacun, sans se nommer,
         Clairement s’indiqua soi-même :
De semblables conseils sont communs à la cour.
         Enfin le chien parle à son tour.
 « Sire, dit-il,je sais qu’il faut faire la guerre,
Mais je crois qu’un bon roi ne la fait qu’à regret ;
         L’art de tromper ne me plaît guère :
         Je connois un plus beau secret