Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/91

Cette page n’a pas encore été corrigée

Cela s’appelle avoir mauvaise compagnie.
 D’accord ; mais de ce point pour l’heure il ne s’agit.
       Au logis de la tourterelle
       Ce n’étoit qu’amour & bonheur ;
       Dans l’autre nid toujours querelle,
       Oeufs cassés, tapage & rumeur.
 Lorsque par son époux la pie étoit battue,
       Chez sa voisine elle venoit,
       Là, jasoit, crioit, se plaignoit,
       Et faisoit la longue revue
       Des défauts de son cher époux :
 « Il est fier, exigeant, dur, emporté, jaloux ;
De plus, je sais fort bien qu’il va voir des corneilles. »
       Et cent autres choses pareilles
       Qu’elle disoit dans son courroux.
       « Mais vous, répond la tourterelle,
 Êtes vous sans défauts ? »--Non, j’en ai, lui dit-elle ;
       Je vous le confie entre nous :
En conduite, en propos, je suis assez légère,
Coquette comme on l’est, parfois un peu colère,
 Et me plaisant souvent à le faire enrager ;
Mais qu’est-ce que cela ? --C’est beaucoup trop, ma chère.
       Commencez par vous corriger,
 Votre humeur peut l’aigrir…--Qu’appelez-vous, ma mie ?
       Interrompt aussitôt la pie :