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FABLE VII.

Le Singe qui montre la lanterne magique.


Messieurs les beaux esprits, dont la prose & les vers
Sont d’un style pompeux & toujours admirable,
Mais que l’on n’entend point, écoutez cette fable,
Et tâchez de devenir clairs.
 
Un homme qui montroit la lanterne magique
Avait un singe dont les tours
Attiroient chez lui grand concours.
Jacqueau, c’étoit son nom, sur la corde élastique
Dansoit & voltigeoit au mieux,
Puis faisoit le saut périlleux,
Et puis sur un cordon, sans que rien le soutienne,
Le corps droit, fixe, d’à-plomb,
Notre Jacqueau fait tout du long
L’exercice à la prussienne.
Un jour qu’au cabaret son maître étoit resté
(C’étoit, je pense, un jour de fête),
Notre singe en liberté
Veut faire un coup de sa tête.
Il s’en va rassembler les divers animaux
Qu’il peut rencontrer dans la ville ;