Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dans vos discours préliminaires,
Retenez ce que dit le thym.



FABLE XVI

Le Chat & la Lunette



Un chat sauvage & grand chasseur
S’établit pour faire bombance,
Dans le parc d’un jeune seigneur,
Où lapins & perdrix étoient en abondance.
Là, ce nouveau Nemrod, la nuit comme le jour,
A la course, à l’affût également habile,
Poursuivoit, attendoit, immoloit tour à tour
Et quadrupède & volatile.
Les gardes épioient l’insolent braconnier,
Mais, dans le fort du bois caché près d’un terrier,
Le drôle trompoit leur adresse.
Cependant il craignoit d’être pris à la fin,
Et se plaignoit que la vieillesse
Lui rendît l’œil moins sûr, moins fin.
Ce penser lui causoit souvent de la tristesse.
Lorsqu’un jour il rencontre un petit tuyau noir
Garni par ses deux bouts de deux glaces bien nettes :
C’étoit une de ces lunettes
Faites pour l’Opéra, que, par hasard, un soir,