Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/59

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils prêchoient à leurs fils la vertu, la sagesse,
Leur parloient du bonheur qu’ils procurent toujours.
Le père par un conte égayoit ses discours,
La mère par une caresse.
L’aîné de ces enfants, né grave, studieux,
Lisoit & méditoit sans cesse ;
Le cadet, vif, léger, mais plein de gentillesse,
Sautoit, riait toujours, ne se plaisoit qu’aux jeux.
Un soir, selon l’usage, à côté de leur père,
Assis près d’une table où s’appuyoit la mère,
L’aîné lisoit Rollin ; le cadet, peu soigneux
D’apprendre les hauts faits des Romains ou des Parthes,
Employoit tout son art, toutes ses facultés,
A joindre, à soutenir par les quatre côtés
Un fragile château de cartes.
Il n’en respiroit pas d’attention, de peur.
Tout à coup voici le lecteur
Qui s’interrompt : Papa, dit-il, daigne m’instruire
Pourquoi certains guerriers sont nommés conquérans,
Et d’autres fondateurs d’empire ;
Ces deux noms sont-ils différents ?
Le père méditoit une réponse sage,
Lorsque son fils cadet, transporté de plaisir,
Après tant de travail, d’avoir pu parvenir