Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

FABLE VI.

Le Chat & le Miroir.


Philosophes hardis, qui passez votre vie
À vouloir expliquer ce qu’on n’explique pas,
Daignez écouter, je vous prie,
Ce trait du plus sage des chats.

Sur une table de toilette
Ce chat aperçut un miroir ;
Il y saute, regarde, & d’abord pense voir
Un de ses freres qui le guette.
Notre chat veut le joindre, il se trouve arrêté ;
Surpris, il juge alors la glace transparente,
Et passe de l’autre côté,
Ne trouve rien, revient, & le chat se présente.
Il réfléchit un peu ; de peur que l’animal,
Tandis qu’il fait le tour, ne sorte,
Sur le haut du miroir il se met à cheval,
Deux pattes par ici, deux par-là ; de la sorte
Par-tout il pourra le saisir.
Alors, croyant bien le tenir,
Doucement vers la glace il incline la tête,
Aperçoit une oreille, & puis deux… A l’instant,
À droite, à gauche il va jetant
Sa grife qu’il tient toute prête :