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Et ne s'en croit pas moins des serins le plus beau.
Ses freres pensent de même :
Douce erreur qui toujours fait voir l’objet qu’on aime
Ressemblant à nous trait pour trait !
Jaloux de son bonheur, un vieux chardonneret
Vient lui dire : il est temps enfin de vous connoître ;
Ceux pour qui vous avez de si doux sentiments
Ne sont point du tout vos parents.
C’est d’un chardonneret que le sort vous fit naître.
Vous ne futes jamais serin : regardez-vous,
Vous avez le corps fauve & la tête écarlate,
Le bec… oui, dit l’oiseau, j’ai ce qu’il vous plaira ;
Mais je n’ai point une âme ingrate,
Et mon cœur toujours chérira
Ceux qui soignerent mon enfance.
Si mon plumage au leur ne ressemble pas bien ;
J’en suis fâché ; mais leur cœur & le mien
Ont une grande ressemblance.
Vous prétendez prouver que je ne leur suis rien,
Leurs soins me prouvent le contraire :
Rien n’est vrai comme ce qu’on sent.
Pour un oiseau reconnoissant
Un bienfaiteur est plus qu’un pere.