Page:Œuvres complètes de Florian, Fauché-Borel, 1793, tome 9 - fables.djvu/43

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Mon peuple est accablé de maux,
Je suis consumé de tristesse :
Partout je cherche des avis,
Je prends tous les moyens, inutile est ma peine ;
Plus j’en fais, moins je réussis.
Notre monarque alors aperçoit dans la plaine
Un troupeau de moutons maigres, de près tondus,
Les brebis sans agneaux, des agneaux sans leurs mères,
Dispersés, bêlans, éperdus,
Et des béliers sans force errant dans les bruyeres.
Leur conducteur Guillot alloit, venoit, couroit,
Tantôt à ce mouton qui gagne la forêt,
Tantôt à cet agneau qui demeure derriere,
Puis à sa brebis la plus chere ;
Et tandis qu’il est d’un côté,
Un loup prend un mouton qu’il emporte bien vite ;
Le berger court, l’agneau qu’il quitte
Par une louve est emporté.
Guillot tout haletant s’arrête,
S’arrache les cheveux, ne sait plus où courir ;
Et de son poing frappant sa tête,
Il demande au ciel de mourir.
Voilà bien ma fidele image !
S’écria le monarque ; & les pauvres bergers,
Comme nous autres roi, entourés de dangers,
N’ont pas un plus doux esclavage :