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des mains du perfide assassin ; pensez-vous, dis-je, que ce philosophe n’ait pas aussitôt imaginé de faire causer ensemble les chevreuils pour reprocher à l’homme sa barbarie, pour lui dire les vérités dures que mon philosophe n’auroit pu hasarder sans s’exposer aux effets cruels de l’amour-propre irrité ? Voilà la fable inventée ; et, si vous avez pu me suivre dans mon diffus verbiage, vous devez conclure avec moi que l’apologue a dû naître dans l’Inde, et que le premier fabuliste fut sûrement un brachmane.

Ici le peu que nous savons de ce beau pays s’accorde avec mon opinion. Les apologues de Bidpaï sont le plus ancien monument que l’on connoisse dans ce genre ; et Bidpaï étoit un brachmane. Mais, comme il vivoit sous un roi puissant dont il fut le premier ministre, ce qui suppose un peuple civilisé dès long-temps, il est assez vraisemblable que ses fables ne furent pas les premières. Peut-être même n’est-ce qu’un recueil des