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vingts ans après Crésus, et de la courtisanne Rhodope, qui passe pour avoir élevé une de ces fameuses pyramides bâties au moins dix-huit cents ans avant Crésus. Voilà déjà d’assez grands anachronismes pour rejeter comme fabuleuses toutes les vies d’Ésope.

Quant à ses ouvrages, les Orientaux les réclament et les attribuent à Lockman, célèbre fabuliste en Asie depuis des milliers d’années, surnommé le Sage par tout l’Orient, et qui passe pour avoir été, comme Ésope, esclave, laid et contrefait.

M. Boulanger, par des raisons très plausibles, démontre à peu près qu’Ésope et Lockman[1] ne sont qu’un. Il est vrai qu’il donne ensuite des raisons presque aussi bonnes, tirées de l’étymologie, de la ressemblance des noms phéniciens, hébreux, arabes, pour prouver que ce Lockman le Sage pourroit fort bien être le roi Salomon. Il va plus loin ; et, comparant toujours les identités, les rapports des noms, les similitudes des anecdotes,

  1. cf. graphie précédente