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Quoi ! répliquai-je, cet Ésope dont nous avons les ouvrages, dont j’ai lu la vie dans Méziriac, dans La Fontaine, dans tant d’autres, ce Phrygien si fameux par sa laideur, par son esprit, par sa sagesse, n’auroit été qu’un personnage imaginaire ? Quelles preuves en avez-vous ? Et qui donc, à votre avis, est l’inventeur de l’apologue ?

Vous pressez un peu les questions reprit-il avec douceur, et vous allez m’engager dans une discussion scientifique à laquelle je ne suis guère propre, car on ne peut être moins savant que moi. Pour ce qui regarde Ésope, je vous renvoie à une dissertation fort bien faite de feu M. Boulanger, sur les incertitudes qui concernent les premiers écrivains de l’antiquité. Vous y verrez que cet Ésope, si renommé par ses apologues, et que les historiens ont placé dans le sixième siècle avant notre ère, se trouve à la fois le contemporain de Crésus roi de Lydie, d’un Necténabo roi d’Egypte, qui vivoit cent quatre-