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de l’éclat que donne la royauté, que penseriez-vous d’une petite paysanne ilote, que je veux bien supposer jeune, fraîche, avec des yeux noirs, et qui, voyant paroître la reine, se croiroit obligée d’aller se cacher ? Vous lui diriez : Ma chère enfant, pourquoi vous priver des jeux ? Personne, je vous assure, ne songe à vous comparer avec la reine de Sparte. Il n’y a qu’une Hélène au monde ; comment vous vient-il dans la tête que l’on puisse songer à deux ? Tenez-vous à votre place. La plupart des Grecs ne vous regardent pas, car la reine est là haut, et vous êtes ici. Ceux qui vous regarderont, vous ne les ferez pas fuir. Il y en a même qui peut-être vous trouveront à leur gré : vous en ferez vos amis, et vous admirerez avec eux la beauté de cette reine du monde.

Quand vous lui auriez dit cela, si la petite fille vouloit encore s’aller cacher, ne lui conseilleriez-vous point d’avoir moins d’orgueil d’une part, et de l’autre plus d’admiration pour Hélène ?